Depuis avril 2013, la dragueuse du port de plaisance est en panne. Et l’entrée ou la sortie des navires est conditionnée aux marées. Les usagers tirent la sonnette d’alarme.
«Aujourd’hui, Pauillac ne pourrait plus accueillir la Solitaire du Figaro », lâche Patrick Clauzel, président des usagers du port de plaisance. « L’année dernière, la dragueuse avait effectué un énorme travail en amont, rendant possible le départ de la course. Désormais, même à marée haute, les voiliers ne pourraient pas partir » constate-t-il. Une situation qui touche nombre des 120 navires.
« Même avec un faible tirant d’eau de 1,50 m, j’ai dû attendre plus de deux heures pour entrer en rade », raconte Joël Pradeau, trésorier de l’association. Pourtant, le port de plaisance de Pauillac est habituellement connu pour être accessible par tous les temps, peu importe l’état de la marée. Sauf que la dragueuse, qui connaît des avaries à répétition, ne fonctionne plus depuis avril 2013. « Avec 35 ans de service, elle est complètement obsolète », se désole Patrick Clauzel.
Les regards se tournent vers l’administration. En premier lieu la Maison du tourisme et du vin, qui assure la gestion du port.
« On rivalise de malchance », commente amèrement Fabrice Fatin, son directeur technique. Lorsque la pompe est changée, aux essais son moteur hydraulique lâche. C’était en janvier, depuis on attend les nouvelles pièces. « La dragueuse est entretenue, mais l’usage qui en est fait est trop intensif. Elle est sous-dimensionnée par rapport à l’ampleur de la tâche » assure Fabrice Fatin.
Alors, changer de dragueuse ? « Impossible, s’exclame le gestionnaire. Le port de plaisance mine déjà le budget de la Maison du tourisme et du vin. Cela représente un déficit de 150 000 euros par an. On est obligé de faire avec ce qu’on a ». Le technicien dit comprendre l’incompréhension d’usagers qui payent pour une prestation qui n’est plus assurée, mais semble totalement résigné. « Nous avons étudié beaucoup de possibilités. Mais le problème est insoluble. On doit attendre plusieurs heures pour entrer ou sortir du port ? Il va falloir s’y faire ».
Les usagers regrettent la vision à court terme privilégiée par les autorités. « On ne fait que bricoler, mais les problèmes ne se résolvent pas » souligne Patrick Clauzel.
La mairie, chargée des infrastructures, rappelle tout de même qu’en 2006 les palplanches qui bordent le port ont été changées pour 1,5 million d’euros. « Un chantier colossal, réalisé par l’aide des collectivités territoriales » explique le maire de Pauillac, Stéphane Hournau. Autre aménagement : le ponton installé contre le flanc extérieur du port. Un deuxième va suivre, dans le courant de l’année. L’objectif est de pouvoir augmenter la capacité d’accueil des navires de croisière.
En attendant, les usagers ne cachent pas qu’ils pourraient se rabattre sur le port de plaisance de Bordeaux, dont la modernisation est en projet. « On disait la même chose lorsque le Port-Médoc du Verdon a ouvert » sourit Stéphane Hournau.
Mais le port de Pauillac reste idéalement placé, et beaucoup moins cher. Depuis le début de l’année seul quatre plaisanciers ont définitivement largué les amarres.